
17 avril 2025
Chez Thales, la CFE-CGC se bat pour un meilleur partage de la valeur
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Marc Cruciani et Daniel Fourmestraux (de gauche à droite), tous deux coordinateurs de l’intercentre CFE-CGC du Groupe Thales.
Sur fond de revendications salariales, le mouvement social dure depuis 14 semaines sur divers sites du géant de la défense et de l’aérospatial (44 000 salariés en France). La CFE-CGC et l’intersyndicale en appellent à un nécessaire rééquilibrage des richesses.
Trois ans après un conflit social sur la question des salaires, l’histoire se répète chez Thales. Le fleuron français de la défense, de l’aérospatial et de la cybersécurité est secoué depuis quatorze semaines par un mouvement social touchant diverses entités du groupe parmi lesquels le site aérospatial de Bordeaux-Mérignac et le site Thales Alenia Space (TAS) à Toulouse. En cause : des salaires en berne et un partage de la valeur en net défaveur des 44 000 salariés que compte Thales en France.
« Les dernières négociations annuelles obligatoires (NAO), débutées en décembre 2024, ont mis le feu aux poudres, explique Marc Cruciani (à gauche sur la photo), coordinateur adjoint de l’intercentre CFE-CGC du Groupe Thales. La direction a commis une erreur stratégique avec des propositions d’emblée très basses, aux alentours de 1,5 %. Quand vous y ajoutez une politique globale de rémunération (intéressement et participation) que je qualifierais de pauvre, le compte n’y est pas du tout en termes de partage de la valeur. »
La pilule est d’autant plus difficile à avaler que Thales a enregistré l’an dernier un résultat net de 1,056 milliard d’euros, en hausse de 19,2 % par rapport à 2023, que l’action en Bourse se porte bien et que le groupe continue de distribuer des dividendes toujours plus importants à ses actionnaires dont les deux principaux, l’État et Dassault Aviation. Sur fond de réarmement européen, Thales peut également compter sur de solides carnets de commandes.
« Dans ce contexte, il y a un manque de reconnaissance patent et légitime exprimé par les salariés dont les populations de l’encadrement, jusqu’aux cadres de responsabilité 11 et 12, le plus haut niveau au sein du groupe, assure Daniel Fourmestraux (à droite sur la photo), coordinateur de l’intercentre CFE-CGC du Groupe Thales. Devant cette fracture entre les salariés et la direction, et face à un outil industriel globalement vieillissant, nous avons constitué une intersyndicale avec les 4 organisations syndicales représentatives au niveau du groupe (CFDT, CFE-CGC, CGT, CFTC), et construit une plateforme commune de revendications. »
Deuxième organisation syndicale chez Thales avec 24,11 % de représentativité, la CFE-CGC en appelle donc à un net rééquilibrage des richesses sur un modèle de répartition des trois tiers : un tiers pour les actionnaires, un tiers pour les salariés et un tiers pour mener les investissements nécessaires à la pérennité des activités industrielles du groupe.
Alors que toutes les autres négociations au menu de l’agenda social sont gelées au niveau central et du socle social depuis le mouvement social toujours en cours, la direction de Thales vient d’entrouvrir la porte en formulant aux organisations syndicales, en début de semaine, une proposition de prime de partage de la valeur de 500 euros par salarié. Autre engagement pris par la direction : rouvrir les discussions relatives aux dispositifs d’intéressement et de participation. Mais cela sera-t-il suffisant pour mettre fin à la contestation ? Rien n’est moins sûr. « Nous espérons une véritable prise de conscience de la direction dans la perspective des prochaines NAO qui débuteront dès octobre 2025 », résument de concert les deux militants CFE-CGC.
Sur le terrain, le mot d’ordre militant est clair : les équipes CFE-CGC peuvent bien entendu s’associer aux mobilisations en fonction des enjeux et des problématiques spécifiques sur chaque établissement. « Mais nous demandons à nos mandants (délégués syndicaux, délégués syndicaux centraux, représentants syndicaux au CSE, administrateur salariés, etc.) de rester dans la légalité, sans blocage, souligne Daniel Fourmestraux. Par ailleurs, nous ne sommes pas spécialement favorables à une politisation à outrance de ce dossier. C’est avant tout un mouvement social interne au groupe Thales, pour lequel nous devons collectivement trouver des solutions concrètes afin d’améliorer le partage de la valeur. »